Angèle et Anatole
Nous jouerons le 7-8 et 9 juin prochain au Théâtre des Osses de Fribourg pour la 3eme édition du Festival Le printemps des compagnies.
Infos et réservation: www.theatreosses.ch/spectacle/angele-et-anatole/ |
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Couple de théâtre à la ville comme à la scène, fusionnel et singulier, les deux fondateurs de la Compagnie du bout des yeux réussissent le saut périlleux de faire de leur intime familial, drôle et douloureux, une histoire universelle dont chaque élément scénographique est le témoin, à la fois émetteur et récepteur. Ce qui caractérise le fond et la forme de leur univers, c’est une précision d’orfèvre, une puissance poétique et un humour à la fois tendre et corrosif. Ce spectacle inclassable propose un voyage sensible à la découverte de la grandeur des petits riens. À travers leur histoire d'amour, Angèle et Anatole célèbrent à leur manière l’absurdité et la beauté du monde.
« Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l'évident, le commun, l'ordinaire, l'infra-ordinaire, le bruit de fond, l'habituel, comment en rendre compte, comment l'interroger, comment le décrire ? »
Georges Perec, l’Infraordinaire. Librairie du XXIe siècle, Seuil, 1989.
« Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l'évident, le commun, l'ordinaire, l'infra-ordinaire, le bruit de fond, l'habituel, comment en rendre compte, comment l'interroger, comment le décrire ? »
Georges Perec, l’Infraordinaire. Librairie du XXIe siècle, Seuil, 1989.
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Photos du spectacle
Dossier artistique

dossier_artistique_angèle_et_anatole.pdf | |
File Size: | 1735 kb |
File Type: |
Photo: Maxine Reys, graphisme: Théo Serez
Soutien: Ernst Göhner Stiftung
Soutien: Ernst Göhner Stiftung
Au fil des répétitions
Pensée de la sixième semaine:
« Il y a un art brut de la faute d’orthographe comme il y a un art brut de la pierre et du bois. Certains, s’ils étaient conscients des trésors dont ils disposent, pourraient bâtir des mondes formidables. ]…[ Les jeunes élèves ont de l’esprit dans un système. Ils se servent du système comme d’un prolongement pour leur esprit. Ils sont dans ce qu’ils écrivent. Ils croient bien faire. Ils poussent le goût de l’ornement jusqu’à mettre le mot au même niveau que l’image. On les lit sans peine. Quand on ne les déchiffre pas, on voit ce qu’ils ont voulu écrire. Le sens en est limpide. Il dit ce qu’il veut dire. Toutefois, la faute en augmente les potentiels, créé un décalage qui dévoile ce que le sens premier cachait peut-être. Elle ouvre une fenêtre, une faille dans le paysage clos de la norme. C’est la définition de la poésie. Par définition, cela se hisse dons au-dessus de toute critique. »
Extrait de Franz Bartelt, "Fautes d’un jour, petit éloge de la vie de tous les jours". Folio, 2009.
« Il y a un art brut de la faute d’orthographe comme il y a un art brut de la pierre et du bois. Certains, s’ils étaient conscients des trésors dont ils disposent, pourraient bâtir des mondes formidables. ]…[ Les jeunes élèves ont de l’esprit dans un système. Ils se servent du système comme d’un prolongement pour leur esprit. Ils sont dans ce qu’ils écrivent. Ils croient bien faire. Ils poussent le goût de l’ornement jusqu’à mettre le mot au même niveau que l’image. On les lit sans peine. Quand on ne les déchiffre pas, on voit ce qu’ils ont voulu écrire. Le sens en est limpide. Il dit ce qu’il veut dire. Toutefois, la faute en augmente les potentiels, créé un décalage qui dévoile ce que le sens premier cachait peut-être. Elle ouvre une fenêtre, une faille dans le paysage clos de la norme. C’est la définition de la poésie. Par définition, cela se hisse dons au-dessus de toute critique. »
Extrait de Franz Bartelt, "Fautes d’un jour, petit éloge de la vie de tous les jours". Folio, 2009.
La main à la colle pour le décor
Pensée de la quatrième semaine :
"Il ne s’agit pas d’un reportage, ni d’une enquête de sociologie urbaine, mais d’une tentative d’atteindre la réalité d’une époque ]…[ au travers d’une collection d’instantanés de la vie quotidienne collective. C’est, je crois, dans la façon de regarder aux caisses le contenu de son caddie, dans les mots qu’on prononce pour demander un bifteck ou apprécier un tableau, que se lisent les désirs et les frustrations, ]…[ dans tout ce qui semble anodin et dépourvu de signification parce que trop familier ou ordinaire. Il n’y a pas de hiérarchie dans les expériences que nous avons du monde. La sensation et la réflexion que suscitent les lieux ou les objets sont indépendants de leur valeur culturelle, et l’hypermarché offre autant de sens et de vérité humaine que la salle de concert." Annie Ernaux, Journal du dehors, Folio, Gallimard, 1993.
"Il ne s’agit pas d’un reportage, ni d’une enquête de sociologie urbaine, mais d’une tentative d’atteindre la réalité d’une époque ]…[ au travers d’une collection d’instantanés de la vie quotidienne collective. C’est, je crois, dans la façon de regarder aux caisses le contenu de son caddie, dans les mots qu’on prononce pour demander un bifteck ou apprécier un tableau, que se lisent les désirs et les frustrations, ]…[ dans tout ce qui semble anodin et dépourvu de signification parce que trop familier ou ordinaire. Il n’y a pas de hiérarchie dans les expériences que nous avons du monde. La sensation et la réflexion que suscitent les lieux ou les objets sont indépendants de leur valeur culturelle, et l’hypermarché offre autant de sens et de vérité humaine que la salle de concert." Annie Ernaux, Journal du dehors, Folio, Gallimard, 1993.
Moka et Satchmo, les 2 autres protagonistes du spectacle
Pensée de la troisième semaine:
"Sans en avoir toujours conscience, nous sommes nous-mêmes le divertissement des autres, comme ils sont le nôtre. Regarder passer la rue reste un de mes loisirs favoris. Je m'y reconnais. J'y note mes propres ridicules, mes insuffisances, mes prétentions stupides, mes défauts d'apparence, mon inélégance, ma balourdise. Ces gens dont je souris, témoignent seulement de ce que je suis."
Petit éloge de la vie de tous les jours, Franz Bartelt, Folio, Gallimard.
"Sans en avoir toujours conscience, nous sommes nous-mêmes le divertissement des autres, comme ils sont le nôtre. Regarder passer la rue reste un de mes loisirs favoris. Je m'y reconnais. J'y note mes propres ridicules, mes insuffisances, mes prétentions stupides, mes défauts d'apparence, mon inélégance, ma balourdise. Ces gens dont je souris, témoignent seulement de ce que je suis."
Petit éloge de la vie de tous les jours, Franz Bartelt, Folio, Gallimard.
Pensée de la deuxième semaine :
"La poésie suprême est celle où l’élément non poétique devient lui aussi poétique, du fait que dans l’ensemble de l’œuvre il s’énonce au bon moment et au bon endroit, plaisir infini, joie divine, que de placer chaque détail à l’endroit qui lui revient à l’intérieur de l’ensemble ; voilà pourquoi, sans entendement, ou sans une sensibilité intégralement organisée, pas de perfection, pas de vie." Hölderlin
"La poésie suprême est celle où l’élément non poétique devient lui aussi poétique, du fait que dans l’ensemble de l’œuvre il s’énonce au bon moment et au bon endroit, plaisir infini, joie divine, que de placer chaque détail à l’endroit qui lui revient à l’intérieur de l’ensemble ; voilà pourquoi, sans entendement, ou sans une sensibilité intégralement organisée, pas de perfection, pas de vie." Hölderlin
Pensée de la première semaine :
"Que si la poésie ne vient pas aussi naturellement que les feuilles sur un arbre il vaudrait mieux qu’elles ne viennent pas du tout." John Keats
"Que si la poésie ne vient pas aussi naturellement que les feuilles sur un arbre il vaudrait mieux qu’elles ne viennent pas du tout." John Keats
Pensée pour bien commencer:
"Je veux seulement faire voir qu'il existe plusieurs sortes d’actualités: celle du grand temps, des journaux et de l'histoire, qui vocifère à travers la planète et couvre la voix des humains. Et celle d'une espèce de petit temps, qui est le tissu même de nos journées. Il y a le grand temps qui fait des tourbillons; et le petit qui parle à voix basse et marche sur la pointe des pieds; qui est toujours rempli des mêmes choses, habillé d'une étoffe usée. On le prendrait pour une miette du temps, qui serait tombé d'une autre époque. Ce qu'on appelle l'inactuel, c'est l'actuel de toujours. Il semble à l'homme que ces deux temps n'aient ni le même grain, ni la même qualité, la même matière, la même couleur, la même époque. Et que le petit temps soit inactuel parce qu'il est l'actuel de la veille. Mais il sera l'actualité de demain."
Alexandre Vialatte, "Chroniques de La Montagne, numéro 552, 1er octobre 1963, (tome 2, Robert Laffont, "Bouquins", 2000.
"Je veux seulement faire voir qu'il existe plusieurs sortes d’actualités: celle du grand temps, des journaux et de l'histoire, qui vocifère à travers la planète et couvre la voix des humains. Et celle d'une espèce de petit temps, qui est le tissu même de nos journées. Il y a le grand temps qui fait des tourbillons; et le petit qui parle à voix basse et marche sur la pointe des pieds; qui est toujours rempli des mêmes choses, habillé d'une étoffe usée. On le prendrait pour une miette du temps, qui serait tombé d'une autre époque. Ce qu'on appelle l'inactuel, c'est l'actuel de toujours. Il semble à l'homme que ces deux temps n'aient ni le même grain, ni la même qualité, la même matière, la même couleur, la même époque. Et que le petit temps soit inactuel parce qu'il est l'actuel de la veille. Mais il sera l'actualité de demain."
Alexandre Vialatte, "Chroniques de La Montagne, numéro 552, 1er octobre 1963, (tome 2, Robert Laffont, "Bouquins", 2000.